LA CREATION DE PORT CAMARGUE

Mission impossible……s’exclamait Pierre Racine, Président de la Mission Interministérielle pour l’aménagement du Littoral Languedoc Roussillon, faisant le récit de cette étonnante aventure que fut la transformation de notre littoral.

Mission impossible…….Peut-être !!!

mais pas pour les Gardois, qui vont se montrer déterminés et résolus pour prendre en charge cette épopée extraordinaire : la création de Port Camargue.

Après avoir réalisé les réserves foncières nécessaires, l’Etat décide d’aménager la côte, qui s’étend de la Provence à la Catalogne. Le Général de Gaulle est alors Président de la République et Georges Pompidou son Premier Ministre.

Le 18 juin 1963, un décret donne naissance à la Mission Interministérielle pour l’aménagement du Littoral Languedoc Roussillon (dite Mission Racine). Son président éponyme.

Elle va lancer un ensemble de travaux et d’infrastructures gigantesques pour réaliser les stations de : La Grande Motte, Cap d’Agde, Gruissan,  Leucate, Le Barcarès, Saint Cyprien que tout le monde connaît aujourd’hui.

Et Port Camargue ?…..  Venons-en à sa genèse !

L’ensablement de la baie d’Aigues Mortes, constituait un obstacle majeur, les houles méditerranéennes de provenance Sud-ouest et les alluvions du Rhône transformant inlassablement le trait de côte, provoquant un relèvement des fonds, et conduisant, à terme, à la condamnation de la navigation dans cette baie.

La maîtrise de ce phénomène, par un ouvrage spécifique destiné à ralentir et à contrôler la progression de ces launes de sable, est la raison fondamentale de la création de Port Camargue… A l’origine le projet s’appellera Port Espiguette !

Une solution technique, création d’une digue, est décidée pour pallier l’ensablement de la baie d’Aigues-Mortes, et l’implantation d’un nouveau quartier au sud-est du Grau du Roi, disposant ainsi d’un espace propice à la création d’un port, d’un type nouveau et totalement inédit en Languedoc Roussillon : une Marina, association d’une résidence et d’un plan d’eau.

Le Service Maritime du Languedoc-Roussillon et la Mission Racine avaient été chargés de l’étude et de l’évolution du littoral Camarguais, et plus spécialement de la Baie d’Aigues Mortes. Ces deux administrations ont joué un rôle déterminant dans cette opération.

Encore fallait-il l’intégrer au programme d’aménagement touristique du Languedoc-Roussillon qui ne le prévoyait pas à l’origine.

En l’absence de Société d’Economie Mixte dans le Gard, c’est la CCI de Nîmes qui va assurer la Maîtrise d’ouvrage de cet aménagement dans le cadre d’une ZAC.

Prenant en charge :

Les études à réaliser,

L’exécution des travaux,

Mettre en place les financements, (montage astucieux, les ventes de terrains marinas surcotés seront affectées à la construction du Port Public).

Assurer la commercialisation des parcelles constructives.

Un démarrage difficile, au lendemain de 1968, les promoteurs ne se bousculent pas !

Le 4 juin 1969, signature de la concession à charge d’endigage pour la CCI de Nîmes, et du cahier des charges de l’opération par :

– Albin Chalandon, Ministre de l’Equipement et du Logement

– Philippe Dechartre, Secrétaire d’Etat

– André Bettencourt, Ministre de l’Industrie

Cette opération exemplaire de partenariat public-privé a réussi grâce à la volonté et l’engagement des différents intervenants :

– Pierre RACINE et Pierre RAYNAUD, Mission Interministérielle

– le Docteur BASTIDE à l’époque Maire du Grau du Roi. Certains élus sont opposés à ce projet, avatar du paysage local ?

– le Président Pierre CAMEL, Président de la CCI

– Jean LASSERRE, Directeur général de la CCI et Jacques MEJEAN Secrétaire Général qui furent les deux piliers du lancement et de la mise en œuvre de ce gigantesque chantier.

– Roger VIAN, Directeur du Service Maritime du Languedoc Roussillon.

– René VETILLARD, ingénieur et coordinateur de l’opération, en charge des études et du suivi de la réalisation des bassins du Port.

– La Compagnie du Bas Rhône Languedoc (BRL)

– L’E.I.D., Entente interdépartementale démoustication

– Jean BALLADUR, architecte urbaniste et son collaborateur Mr DEZEUZE. Incontestablement il a laissé sa signature, son œuvre est inscrite au patrimoine de l’architecture du 20° siècle, Audacieux et visionnaire il nous a légué ce joyau de l’urbanisme nautique.

Nous ne pouvons qu’adresser notre totale reconnaissance à ces pionniers fondateurs pour leur engagement et l’œuvre immense accomplie.

En plus de 50 ans, beaucoup d’eau a coulé sous le Pont de la Lune, tremplin joyeux de sauts interdits, mais Port Camargue, premier Port d’Europe avec ses 5000 emplacements a su préserver son avant-gardisme architectural et s’adapter aux évolutions de la Société.

Ce n’est plus qu’une simple station balnéaire, destinée aux résidences secondaires, c’est aussi une sédentarisation de résidents permanents qui apprécient la qualité de vie, dans ce quartier marin du Grau du Roi.

Des habitants qui s’inscrivent dans le quotidien et l’animation de Port Camargue, au travers des nombreuses associations et plus particulièrement :

  • L’ASPPC les plaisanciers de Port Camargue
  • Les Résidents de Port Camargue et ses nombreuses manifestations
  • L’ALPC² Association libre des propriétaires et copropriétaires de Port Camargue.

Regroupant plus de 700 adhérents, l’ALPC² s’implique dans la vie locale par ses contacts réguliers avec la Mairie et plus particulièrement avec Robert Crauste, Maire et Président de la Régie autonome du port.

Avec la reconstitution du « banc de sable », force est de constater que la nature reprend ses droits. Espérons que l’ETAT, en charge de ce dossier, se montrera à la hauteur des mesures nécessaires pour éviter un ensablement inquiétant.